Merveilleux Luc Ferry !

Un gaulliste, un vrai intellectuel (qu’on soit ou non d’accord avec lui), qui s’avoue non croyant, mais parle du sacré et admire la démarche du Christ…..et qui condamne ce qui doit l’être avec un charisme prégnant et une langue admirablement maîtrisée.

Assurément un membre de ces « élites » que certains pitoyables brocardent allègrement….

Bravo, Luc Ferry!

Luc Ferry : «Mourir pour des idées?»

Luc Ferry.
VOX Vox Societe

Par Luc Ferry
Publié le 19/10/2016 à 16h30
CHRONIQUE – En Occident, il nous paraît désormais stupide de mourir et de tuer pour des idéologies, c’est un signe du progrès de la civilisation européenne plus que celui d’un effondrement.
D’accord, mais de mort lente, comme disait Brassens. Car, pour tout vous dire, les seuls sacrifices que j’admire, les seuls qui forcent à mes yeux le respect ont tous pour modèle celui du Christ. Contrairement aux émules de Daech, il n’a pas donné sa vie pour en supprimer d’autres, mais pour les sauver. Il n’est pas mort pour des idées, mais pour des personnes. Je ne suis pas croyant, mais la puissance du symbole continue à mes yeux de faire sens.
À l’encontre de ceux qui prennent les idéologies du déclin comme boussole, j’affirme qu’il est non seulement erroné, mais franchement absurde de prétendre que nous ne serions plus capables de mourir pour quelque cause que ce soit. Il faut être d’une exceptionnelle myopie pour ne pas voir que c’est tout l’inverse, que nous sommes plus que jamais prêts à prendre les armes et à risquer nos vies s’il le faut. Simplement, les motifs du sacrifice ont changé, les figures du sacré ne sont plus les mêmes que par le passé.
Le sacré définit d’un même mouvement le sacrifice et le sacrilège, ce pourquoi nous pourrions risquer nos vies et ce qui nous paraît intolérable
Expliquons-nous, en commençant par cette question: qu’est-ce que le sacré? Ce n’est pas simplement l’opposé du profane, c’est aussi et même surtout ce qui définit d’un même mouvement le sacrifice et le sacrilège, ce pourquoi nous pourrions risquer nos vies et ce qui nous paraît intolérable. Si l’on devait écrire une histoire du sacré, elle se confondrait avec celle des guerres, des conflits où les humains ont accepté de prendre le risque de la mort pour défendre une cause. De là ses trois grandes figures qui ont scandé la vie de l’humanité: Dieu, la patrie et la révolution. Depuis la nuit des temps, on est mort pour le divin, et, comme on sait, l’affaire n’est toujours pas close. On est mort ensuite pour la patrie, la Première Guerre mondiale faisant 28 millions de morts et la seconde près de 60 millions. Enfin, le communisme, dernier visage en date du «sacré sacrificiel», en fit 120, dont 60 millions rien que dans cette Chine de Mao que la plupart de nos déclinologues d’aujourd’hui applaudissaient bruyamment dans ces années 1960 quand, gaulliste, je devais raser les murs. Ces figures traditionnelles du sacré forment comme un escalier descendant. On y va du moins humain au plus humain, du divin vers l’humanisation du sacré: la nation, collection d’individus associés à un territoire, une langue et une histoire, est déjà plus humaine que Dieu ; quant à la révolution, elle n’est plus qu’un projet politique visant l’émancipation des hommes.

(Lire l’article complet dans Le Figaro Vox)

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