La Négresse, entre ciel et rail

A BIARRITZ, le quartier dit « de La Négresse », que nombre de Biarrots qualifient volontiers de « sous-quartier », a un aspect qui témoigne d’un abandon par les édiles depuis des lustres. Pour mille raisons, il faudra changer cela. Ce doit être une absolue priorité du prochain mandat municipal, de 2020 à 2026.

Le quartier de La Négresse est l’accès majeur à Biarritz, que l’on y vienne en voiture par l’autoroute A63,  ou bien en train, puisque s’y trouve l’unique gare de Biarritz aujourd’hui.

C’est aussi, hélas, une zone de transit avec la RD 810, ex RN 10, avenue Marcel Dassault, qui franchit tout le quartier à proximité immédiate de la gare par un viaduc véritablement hideux, bruyant, erreur majeure d’urbanisme comme on en faisait jadis, mais qu’aucun ingénieur des ponts et chaussées d’aujourd’hui n’oserait plus proposer, qu’aucun maire respectueux de ses habitants et du paysage de sa ville n’accepterait plus.

Hors ce franchissement très nuisant, l’entrée principale de Biarritz en voiture se fait à partir de la RD 810 par une bretelle étriquée, un premier rond-point médiocre, un pont non moins étriqué sur les voies ferrées, pour aboutir à l’horrible « rond-point de la Négresse », sous le hideux viaduc, carrefour giratoire trop petit et mal commode, à 100 m de la gare, donnant péniblement l’accès à l’avenue Kennedy qui conduit au centre ville après un parcours assez long.

Rien d’étonnant à ce que ce rond-point et ce « parcours du combattant » soient très fréquemment saturés, provoquant des queues interminables aux heures de pointe pour tous ceux qui veulent accéder à la gare ou à l’autoroute ou en viennent, dont les bus.

La gare de Biarritz ?

Elle et ses abords immédiats ne sont absolument pas dignes de la ville, de sa réputation, de sa vocation de la destination qu’elle constitue. Le bâtiment de la gare lui-même  a certes du cachet qu’il faut préserver, ce qui n’interdit pas une modernisation. Le domaine Sncf lui-même, dans la gare et aux approches, est très laid, comme à l’abandon. Tout autour de la gare, c’est l’envahissement anarchique par les voitures, offrant un spectacle pitoyable, du fait de l’absence d’offre de stationnement digne de ce nom. La desserte par les autobus de la communauté d’agglomération est en dessous de tout, faute d’équipements de voirie adaptés. Le quartier immédiat est fait de bâtiments sans caractère, n’offrant nullement le spectacle d’un « quartier de la gare » vivant, commerçant, agréable aux regards et doté des services qui conviendraient.  Sans parler des confins de la zone d’activités d’Iraty, qui vient jouxter ce quartier avec les mêmes défauts d’inesthétique.

Quelle impression croyez-vous qu’éprouve un voyageur qui arrive à Biarritz par le train, qui découvre en approche ce paysage désolant depuis son train, en descend sur un quai mal commode et mal équipé, puis sort de la gare ? Si c’est la première fois qu’il vient, si auparavant il a eu connaissance de la réputation de la ville, se sent-il accueilli dignement, a-t-il le sentiment d’arriver à « Biarritz, ville océane » ? Et s’il doit prendre le bus pour gagner le centre-ville, il n’est pas au bout de ses déceptions ! A noter que le nouveau et prestigieux « TramBus » ne passe pas par la gare, pas plus d’ailleurs que par l’aéroport !

Et si ce même voyageur arrive en voiture ou en autocar, ses impressions ne seront certes pas plus favorables à la traversée de ce quartier laid et déshérité précédant de plusieurs kilomètres les premiers pâtés de maisons typiques de l’architecture biarrote et le centre-ville…

Je trouve tout cela déplorable. Je ne comprends pas le désintérêt visible des élus du passé pour ce quartier. Il doit être revu de fond en comble et ce doit être une priorité du prochain mandat.

Une priorité à ne pas considérer avec le « petit bout de la lorgnette ». Il est peu contestable que Biarritz a un vrai problème d’organisation de la mobilité, de la circulation, des transports, du stationnement. Le tout étant à replacer dans une perspective résolue de préservation de l’environnement et de développement durable, domaine dans lequel Biarritz fait tristement figure d’attardée, contrairement à ses voisines où des efforts ont été faits (Bayonne). Et ce y compris dans sa vocation balnéaire face aux nuisances du surtourisme qu’il faut réduire. C’est pourquoi je propose, dès le début du mandat, l’étude d’un grand plan d’action sur ces sujets, dans lequel le quartier dont nous parlons sera un des points de départ de la réflexion.

Que faire ?

Je ne fais que tracer des pistes qui me trottent dans la tête, mais les meilleurs urbanistes, ingénieurs, architectes nous en diront plus…

La gare ? 

A moderniser fortement, à rendre avenante. Mutatis mutandis, je pense à Bordeaux Saint-Jean, à Dax, à Bayonne, à d’autres bien mieux équipées que Biarritz. Une belle verrière pour protéger les voyageurs. Plus d’ascenseurs, des escalators. Un réaménagement complet du domaine Sncf pour que cela ait enfin « un peu d’allure ». De la végétation entretenue, des fleurs en quantité. Un bâtiment conservé, mais amélioré, complété. Pourquoi pas une jolie tour horloge ? Des commerces. Un parvis, peut-être en pierres blanches (Bordeaux), d’où les voitures auront complètement disparu, car elles seront en souterrain. Des arbres à profusion, encore des fleurs (beaucoup d’hortensias, fleur emblématique de Biarritz). Des panneaux lumineux animés illustrant le vocation océanique et « surfique » de la ville et mentionnant « Vous êtes à Biarritz, Ville de l’Océan et du surf » (et « du rugby »?) et d’autres messages, faisant allusion à l’époque du second empire, aux années folles et Coco Chanel, à l’Art Déco, que sais-je encore ?… Et des aménagements fonctionnels et esthétiques pour les bus, prévus bien sûr pour accueillir un jour le TramBus. Mais aussi des petites navettes électriques, peut-être à hydrogène, que je propose de multiplier à Biarritz, – spécialement équipés pour transporter les surfs -, de même que peut-être les vélos à hydrogène, en contrepartie de nombre de suppressions d’accès en hypercentre et sur le littoral pour les « engins à pétrole » autres que ceux des riverains et livreurs (non polluants, de préférence).

Les coûts ?

Évidemment la Ville ne paierait pas tout, loin de là. Mais la Sncf, des concessionnaires, des collectivités pouvant nous aider….

Les abords ?

Un quartier de la gare, un vrai, animé, agréable, avec des restaurants, des commerces, où viendront même les Biarrots parce que ce sera un pôle de vie charmant. « Les chemins de faire », comme l’ont astucieusement formulé les fondateurs de l’innovant et associatif Open Gare.

La RD 810 et son affreux viaduc ? Ah, comme je voudrais pouvoir « Rendre leur Ciel » aux habitants de La Négresse !

Techniquement, il est tout à fait possible de le remplacer par un passage sous la voie ferrée. Il suffit de se promener sur place avec un œil un peu exercé pour le réaliser, de regarder le profil de « montagne russe » de la route depuis l’autoroute jusqu’à l’aéroport : On descend, puis on remonte fortement pour passer sur le viaduc, puis on en redescend pour ensuite remonter légèrement vers le rond-point du Mousse. Un passage sous les voies ferrées est donc possible. Son coût ? 4 à 5 millions d’euros environ, chiffre  confirmé par mes anciens collègues de Sncf Réseau ex RFF. La démolition du viaduc ? Environ un demi-million d’euros. Tout cela est tout sauf impensable et là encore, la ville ne paierait pas tout.

Dans une telle hypothèse :

– le rond-point de La Négresse disparaît, un réaménagement complet est réalisé en surface, qui s’intègre aux nouveaux abords de la gare. Comme la RD 810 passe en souterrain, on peut même faire à partir de l’ouvrage des bretelles d’accès souterraines au nouveau complexe de la gare, parc de stationnement inclus ;

– on libère des terrains qui seront une ressource précieuse pour ce nouveau quartier de la gare.

Tout cela est parfaitement réalisable. Lorsque j’étais à RFF, en liaison avec des maires visionnaires, la Sncf et d’autres partenaires, nous avons fait, aux abords des gares, des choses bien plus compliquées. Il ne s’agit pas de « bétonner », pas du tout ! Si on peut créer à cette occasion quelques logements et commerces supplémentaires, c’est tant mieux pour Biarritz.

Mais avant tout, il s’agit de concevoir et réaliser pour Biarritz des accès ferroviaire et routier dignes d’Elle, et à cette occasion de rendre aux habitants de La Négresse ce à quoi ils ont droit : « Leur » ciel, « leur » soleil (Pensez à Diogène et Alexandre!), un quartier raisonnablement vivant et agréable à fréquenter…

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